Extrait d'un entretien de Jérôme Marin réalisé par Hervé Pons pour le Centre National de la Danse en décembre 2017

Comment définiriez-vous le cabaret ?

C'est une pochette surprise, la réunion de nombreuses disciplines artistiques à l'intérieur d'une proposition spectaculaire qui n'est pas celle du spectacle vivant traditionnel. Nous ne jouons pas des mêmes codes, le public est à proximité, le rapport entre la scène et la salle est vraiment infime alors le positionnement du public comme celui de l'artiste est très singulier. Comme les gens boivent et discutent entre eux assis à des tables, la circulation se fait différemment. L'écoute est plus lâche mais elle peut être aussi beaucoup plus intense. Contrairement au théâtre et à la danse ce n'est pas la messe, c'est la célébration.

 

Qu'est-ce qui fait selon vous que le cabaret redevienne à la mode ?

C'est le contexte politique. Les gens ont besoin de retrouver une certaine proximité et de se faire un peu chahuter. C'est toujours au moment des périodes politiques les plus tendues que les gens vont se réfugier au cabaret. Je pense aux cabarets munichois et berlinois notamment. Ce qui rassure les gens, je crois, c'est qu'il demeure un genre populaire même si parfois il peut être serti de pierres précieuses. Le public sait qu'il sera confiné dans un lieu de liberté entouré de gens de classes et d'origines différentes. On va s'encanailler dans un sens comme dans l'autre.

 

Intellectuellement aussi...

En toute naïveté j'aime imaginer que le divertissement est un outil pour faire passer des messages politiques. Nous sommes des guerriers, des clowns, des monstres de désir. Nous sommes des créatures de rêves pour reprendre l'expression de Jean-Marie Rivière, même si le cauchemar se tapit dans un coin. Nous sommes comme des équilibristes sur le fil du temps.